matière première /autour des œuvres 2002 matière première Peut-être la représentation n’est-elle qu’une des formes de la transmission ? Douze danseurs s’emparent de douze soli, chorégraphiés par Dominique Bagouet pour d’autres danseurs. Ces danses écrites il y a dix, vingt, trente ans, nous allons les éprouver aujourd’hui avec nos corps traversés depuis par d’autres danses, d’autres styles, d’autres techniques, d’autres poésies. La transmission se fait d’interprète à interprète évidemment, assisté souvent de la précieuse image vidéo. Par la simplicité de l’acte de création, Dominique Bagouet offrait à tous les interprètes de sa danse un solo ici, un solo là. En retour, en hommage à cet artiste, à cet homme que nous aimons, nous offrons ces soli avec lesquels nous jouons. L’ensemble des danseurs viendra ponctuellement envahir le plateau, donnant ainsi une couleur de plus, celle du lien commun qui nous rassemble depuis quelques années. Il s’agit aussi pour les artistes danseurs membres des carnets bagouet d’une expérience de travail unique depuis la disparition du chorégraphe. Nous allons nous retrouver ensemble à interpréter cette danse que nous transmettons à des danseurs depuis dix ans. Que nous reste-t-il de cette danse après l’avoir tant décortiquée, analysée, transmise à d’autres interprètes ? anne abeille et catherine legrand, novembre 2002 « Douze danseurs s’emparent de douze soli, chorégraphiés par Dominique Bagouet. Ces danses écrites tout au long de sa carrière sont réunies et assemblées de façon inédite. De nouveaux interprètes les font vivre à travers des pratiques et des parcours qui leur sont propres, c’est à dire en ressaisissant d’autres danses, d’autres styles, d’autres techniques, d’autres poétiques. Cette expérience unique depuis la disparition du chorégraphe donne une nouvelle dimension au travail de transmission accompli par les carnets bagouet depuis 1993. Leur mémoire est résolument productive : à l’opposé de toute volonté commémorative, elle s’emploie à réactiver les potentialités encore en attente des pièces de Dominique Bagouet, en prolongeant l’élan de liberté qui était le sien. Au-delà d’une restitution rigoureusement conforme d’un geste ou d’une séquence, l’interprète pénètre et habite la « matière première » des chorégraphies pour mieux nous les faire partager. Comme l’a écrit Christine Rodès : « l’esprit de l’œuvre est intact et l’écriture poursuit, sous la peau, son cours ». » stéphane malfettes, plaquette de saison 2002/2003 de la maison de la culture de grenoble