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assaï /1986
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Depuis
longtemps jétais très attiré
par les musiques de Pascal Dusapin, ses compositions
très différentes, dont certaines me
sont devenues familières (Pièces
fugitives, Tre scalini
). Toutefois,
elles me semblaient a priori difficilement abordables
sur le plan chorégraphique et par là
même dautant plus attirantes.
Je devais faire une création pour la Biennale
Internationale de la Danse de Lyon, Musica souhaitait
donner des pièces de Pascal. Cette conjoncture
ajoutée à mon désir de travailler
avec lui, fit le reste. Après avoir vu mes
trois derniers spectacles, il me proposa assaï,
récente composition jouée à
Venise, qui donna le nom à luvre
complète et qui nen est en quelque
sorte que le prélude (1er acte). Je lui passais
ensuite commande dune pièce spécialement
écrite pour nous haro,
en trois parties qui seraient abordées comme
trois autres actes distincts mais se répondant.
Je nai donc, à proprement parler, pas
choisi assaï ni
haro, mais ma confiance
était totale, bien que le rapport de force
de la puissance lyrique déployée dune
musique principalement destinée au concert
et « défendue » par
un orchestre philharmonique de soixante trois musiciens,
face aux dix danseurs de la compagnie, me donnait
un peu le vertige.
Dès les première écoutes, les
sensations ont été multiples et jai
finalement suivi ce qui, avant même que naisse
le mouvement, a fait apparaître des espaces
dombres et de lumières monochromes,
puissantes et profondes, comme resurgies de mes
vieilles passions pour les images du cinéma
expressionniste.
Jai donc dabord envisagé un découpage
cinétique, daprès les partitions
musicales, puis progressivement dessiné une
sorte de « story board » sur
ses grands axes, puis séquence par séquence.
Dans chaque dessin, jai continué à
préciser régulièrement les
détails de direction des lumières,
de la scénographie et les principaux emplacements
et parcours des danseurs.
Ensuite, il a bien fallu admettre la difficulté
réelle de « se mettre en danse »
avec cette musique qui avait fait naître en
moi un « spleen » que je voulais
néanmoins préserver.
Le risque de lemphase, de noyer la chorégraphie
dans la signification des symboles, a fait évoluer
la conception du spectacle vers une dramaturgie
très construite, non narrative, mettant surtout
en valeur les différents états, caractères,
physionomies et comportements de la danse en dialogue
constant avec la musique : relation en aller-retour
soit très proche, autant de la partition
que de la ligne mélodique, soit très
distante, en sens contraire, permettant son développement
très libre et même parfois humoristique.
dominique bagouet, 12 juin
1986
Deux partitions constituent la base de ma collaboration
avec Dominique Bagouet. La première, qui
donne son nom au spectacle assaï
est une partition que javais composée
pour la Biennale de Venise et qui fut créée
à la Fenice par lOrchestre de la R.A.I.
de Turin, sous la direction de Marcello Panni le
24 septembre 1985.
Elle ne fut donc pas composée « pour »
la danse.
La seconde, haro, est
une commande de la Compagnie Bagouet et du Ministère
de la Culture que jai réalisée
de mars 1985 à avril 1986. Plus longue qu'assaï,
haro est cependant
divisée en trois mouvements. Elle tient compte
(mais est-ce vraiment possible ?) de son partenaire
: la danse.
Le projet avec Dominique Bagouet comportait lidée
dune intervention des formes de la musique
« avec » et « sur »
sa chorégraphie.
Je me risquai donc à proposer (en particulier
dans le premier mouvement d'haro)
une suite de dessins évidemment approximatifs
de mouvements, de déplacements, de vitesses
des corps en relation ou sans relation avec ma musique.
Le pari dun dialogue, dune confrontation
ou même dun combat entre nos disciplines
ne pouvait se risquer quà lintérieur
dune communauté de pensée qui
fut la première motivation de mon travail.
pascal dusapin, 1986 |
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