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 le saut de l’ange /1987

Les histoires racontées par la chorégraphie me suffisent, avec tout leur mystère. Les séquences se succèdent sans qu’un principe de construction soit mis en avant, la succession doit garder un caractère imprévu, sans lien.
La danse devient par moments une suite de comportements indéchiffrables, avec un côté saugrenu, comme s’il s’agissait de décrire une espèce animale inconnue. Mais s’il y a des images, des évocations suscitées par la chorégraphie, c’est toujours sur un mode extrêmement allusif, rien n’est jamais montré de manière explicite, et puis il y a aussi l’envie de retrouver un certain goût du jeu, une certaine fantaisie réglée au millimètre, comme les numéros de cirque.

dominique bagouet, 2 mars 1987


« Pour cette création, comme pour les précédentes, il n’y avait pas d’idée de départ, de propos, ou de thématique à illustrer ou à défendre, mais plutôt une sensation. En ce sens, je me sens souvent plus proche d’un peintre face à sa toile. Boltanski ne connaissait pour ainsi dire pas la danse, et n’avait jamais travaillé avec le monde du spectacle. Le recul qu’il a apporté par rapport à mon travail a été déterminant. Il a sur la danse un regard au premier degré, mais un premier degré d’une extrême justesse. Il a une manière très brutale et en même temps très naïve de nous renvoyer à nos propres conventions. Le titre du spectacle, il me l’a soufflé un jour à l’issue d’une séance de travail, et je l’ai reçu comme un haïku à déchiffrer. C’était comme s’il m’en faisait cadeau. »

dominique bagouet, entretien avec chantal aubry, 1989

   
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