les petites pièces de berlin /transmission 2008 les petites pièces de berlin / intégrale Pour le ccn-ballet de lorraine L’œuvre et la transmission Cinq petites pièces, cinq fantaisies qui empruntent leur titre à la ville où elles ont été créées : Juin 1988, Berlin, cosmopolite, avide d’influences. Une idée de transit, un aéroport, des découvertes de nouveaux lieux. Le théâtre Hebbel a déterminé l’architecture de ce spectacle. Dominique a établi les trois premières pièces à partir des compositions des danseurs et a écrit les deux dernières. Une à la limite de l’auto parodie. L’autre construite en onze séquences où l’on retrouve diverses combinaisons, solo, duo, trio… Entre chaque pièce, pendant le changement du décor à vue, un solo dansé à l’époque par le chorégraphe. L’interprète s’expose, à la manière d’une vedette américaine, il fait patienter le public, raconte, commente l’histoire des chorégraphies « Bagouet » et les mouvements des danseurs. La création en avril 1993 de l’association les carnets bagouet a ouvert en France les premières réflexions sur les questions du patrimoine chorégraphique contemporain, sur sa conservation et sa diffusion. Lorsque Didier Deschamps m’a proposé de recréer, dans la version originale, les petites pièces de berlin pour le ccn-ballet de lorraine, j’ai pensé que je devais poursuivre les questionnements entamés depuis 15 ans : Où se joue la ligne de partage entre œuvre et interprétation ? Peut-on parler de relectures et de réinterprétations de ces pièces ? Quels en sont les chemins ? La question des processus de création et de recréation n’a cessé de m’inquiéter. J’ai examiné les 5 pièces et choisi un mode de transmission qui me paraissait le plus adapté à chacune d’entre elles ou à chacun des moments : Proposer des voies d’approches par l’intermédiaire d’ateliers d’improvisations et de composition. Travailler « l’élan postural Bagouet ». Poser un regard sur des vidéos de plusieurs distributions de 1988 et 1989. Noter les différences, les similitudes, entrer dans la structure, trouver sa place. Mettre en œuvre une passation directe, un apprentissage de la gestuelle par mimétisme, avec son plaisir à entrer dans le mouvement, sa générosité et sa subjectivité. Utiliser une partition Laban, et le travail de qualité et de musicalité réinsufflé à l’intérieur, un « à plat » à mettre en volume. Pour m’accompagner dans ce montage 2008, j’ai fait appel à des artistes d’origine (Catherine Legrand et Dominique Fabrègue, Gilles Grand, Laurent Matignon, William Wilson) et à des interprètes de la génération suivante (Thomas Guerry, Karin Hermès, Phillia Maillardet, Laurent Pichaud),  à leur tour transmetteurs de cette danse. Avec à l’esprit, ne jamais cesser de donner accès à des sensations nouvelles, inviter les nouveaux interprètes à cette recherche, et à se mettre au service de l’écriture. Qu’est-ce qu’un corps dansant en représentation ? sylvie giron, programme du ccn-ballet de lorraine - septembre 2008 Comment le passé peut-il dessiner le futur ? Il ne faudrait pas que le passé façonne le futur en conduisant à d’éternelles redites. En revanche, il est nécessaire de connaître le passé, s’en inspirer parfois et s’en libérer toujours. Si les artistes qui nous ont précédés ont ouvert des chemins nouveaux, tracé des pistes que nous continuons à emprunter ou à admirer, les artistes et les publics d’aujourd’hui doivent entretenir une mémoire active et critique. L’absence de mémoire, le rejet ou le reniement de l’Histoire conduit à la folie, aux pires des réactions, au conformisme et aux catastrophes. N’opposons pas passé et futur, ce sont les deux termes consubstantiels entre lesquels notre conscience et notre compréhension du présent prennent forme et nous ouvrent la liberté. didier deschamps, programme du ccn-ballet de lorraine – septembre 2008