Une Danse blanche avec Éliane | version intégrale — 2012

Démarche - Dans notre projet, Sylvie Giron m’enseignera la chorégraphie d'une danse blanche avec éliane de manière « traditionnelle », c'est-à-dire de corps à corps. Le processus de notation comprendra une phase d'expérimentation, d'incorporation, en amont ou dans le même temps que la traduction et la transcription de la danse sur le papier, grâce au système Benesh. C'est là toute la singularité de notre projet, rendu possible par le croisement de nos parcours et de nos expériences individuelles.
À cela s'ajoutera une exploitation des autres sources et supports documentant cette chorégraphie, et en particulier des traces vidéos (dont certaines assez anciennes) : les carnets bagouet ont répertorié plusieurs versions filmées de ce solo interprété par Dominique Bagouet.
Lors de sa démarche de réinterprétation en 2000, Sylvie Giron a été confrontée à ces différentes sources et a opéré des choix, pour construire son interprétation. Il s'agit pour nous de documenter ces choix, en même temps que de les discuter, de les remettre en question. En ce sens, nous souhaitons que la partition chorégraphique porte l'empreinte de notre réflexion, par exemple en proposant différentes versions d'un même mouvement, passage...etc. Ceci afin que le futur lecteur puisse, lui aussi, effectuer des choix cohérents dans sa transmission.

une danse blanche avec éliane, solo en trois parties de Dominique Bagouet, est en réalité constitué d'extraits de chorégraphies plus anciennes, remises en jeu dans une autre relation à l’espace, à la musique, et donc inévitablement à l’interprétation. 
- un solo crée en 1977 sur la suite pour violes de François Couperin, et qui dialogue ici avec une improvisation d'Éliane Lencot à l’accordéon.
- un trio dans le silence extrait de danses blanches en 1979.
- un solo de sous la blafarde de 1979, musique Jo Privat, interprétée ici à l’accordéon par Éliane Lencot.

Dans ce solo, la danse porte l'empreinte de l'héritage de la danse moderne, et en particulier de la technique Limón, que Dominique Bagouet a rencontrée notamment dans l'enseignement de Peter Goss.  D'autres éléments chorégraphiques sont caractéristiques de ce qui sera défini comme la « signature Bagouet » : une écriture fine des mouvements des mains, l'importance donnée au placement du regard, une composition spatiale complexe, une relation singulière à la musique...

une danse blanche avec éliane présente un grand intérêt dans la relation établie, dans cette chorégraphie, entre les deux interprètes – danseur et musicien –, entre la danse et la musique. D'une part cette pièce a été conçue pour être jouée en musique vivante. D'autre part, la composition de ce solo explore trois « types » de relation à la musique :
- la danse et la musique sont sur la même pulsation, le même temps, et le même phrasé.
- la danse s'appuie sur la même pulsation que la musique, mais développe un phrasé chorégraphique qui vient jouer en contrepoint avec le phrasé musical.
- danse et musique déroulent chacune leur propre discours, de manière indépendante, mais toujours en conscience, à l'écoute.

Enfin, la richesse de cette chorégraphie, son aspect ludique, ainsi que l'accessibilité de la danse et de la musique, en font un support intéressant pour élaborer des projets pédagogiques (cf projets menés par Sylvie Giron). Ainsi nous espérons vivement qu'une partition d'une danse blanche avec éliane permettra de nouvelles transmissions de ce solo en tant que tel, de même que la construction de nouveaux projets artistiques. On peut imaginer des projets interdisciplinaires, mêlant danseurs et musiciens, par exemple des classes de danse et d'accordéon d'un même conservatoire...
Cela d'autant plus que les carnets bagouet ont toujours à cœur de diffuser, et de rendre accessible au plus grand nombre l'oeuvre de Dominique Bagouet.

romain panassié, mars 2012