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necesito, pièce pour grenade /1991
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Juillet 90 : Daniel
Girard, directeur de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon
me raconte l'histoire de Boabdil, dernier émir
arabo-andalou et souverain de Grenade qui à
l'arrivée des rois catholiques, pour éviter
le pillage et la destruction de la ville, préféra
partir sans livrer bataille. Il me propose alors
d'imaginer une forme de célébration
de cet épisode légendaire de l'histoire
de Grenade. D'abord conquis par l'idée de
me frotter à une sorte de commentaire sur
fond de musique arabo-andalouse de l'histoire de
l'Alhambra, j'ai vite pris conscience que j'étais
de plus en plus rebuté par la notion du respect
des monuments du patrimoine artistique ou historique.
Au contraire, je me suis rendu compte que c'est
finalement l'absence de détails, de contexte
historique précis et le côté
B.D. du récit qui m'ont séduit autant
que l'idéologie simple qu'il sous-tend. Je
ne me sens pas l'envie de réaliser un hommage
respectueux, voire déférent, au lieu
et à sa légende, d'abord parce qu'ils
n'en ont pas besoin mais aussi parce que ce serait
trahir mes vrais désirs et ce que j'ai vu
dans la cour Charles Quint à Grenade, le
défilé des touristes par exemple et
la cruauté dérisoire née du
rapprochement passé/présent. Par contre,
puisque cela m'est offert, j'ai bien envie d'être
le complice de ces partenaires de quelques soirs,
ces lieux, ces histoires, ces musiques.
Mamuser avec ma bande à nous souvenir
notamment de nos petites mythologies dEspagne
et de Proche-Orient, à façonner nos
propres délires sur la relation arabo-andalouse
et évoquer aussi la douceur des cours, le
plaisir et les jardins, lautorité froide
et de réputation sinistre de loccidentale
Eglise. Ne pas célébrer, mais jouer
au sens noble du terme, au sens de « jeux »
comme le sont les jeux deau, les feux dartifice
ou les mosaïques.
Les danseurs :
Une reine en extase, un roi catholique assailli
par le doute, un émir qui pleure, une infante
qui rêve, un torero poltron, une danseuse
aux pieds nus, un touriste « fondamental »,
un gitan solitaire, une magicienne arabo-andalouse...
Tous ces personnages et bien dautres encore
plus fugaces et pas nécessairement identifiables
traversent de manière furtive necesito.
Ces fantômes, nous les avons rencontrés
ensemble, librement au fil des jours, quelquefois
avec malice et souvent avec tendresse. Pour les
évoquer, ni accessoires, ni costumes particuliers,
simplement neuf interprètes, leurs sentiments
communs et leur danse.
dominique bagouet, programme
de la compagnie bagouet, juillet 1991 |
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