Necesito, pièce pour Grenade | extraits — 1999

Imaginons une soirée de danse, ces danses que nous aimons faire, voir, vous faire voir. Prenons à nouveaux quelques beaux moments créés par Dominique Bagouet en relation étroite avec les danseurs de sa compagnie, ils ont chacun une histoire. Regardons les danseurs contemporains d’aujourd’hui se saisir de ces gestes, guidés par les interprètes d’origine.
Imaginons un parcours de danse qui traverse ces climats, faisant quelques arrêts ou plutôt quelques bonds entre chaque extrait à l’aide de quelques mots : commentaires de Dominique Bagouet, d’Isabelle Ginot et des interprètes.
Imaginons enfin qu’il faut trouver des pauses pour discuter, boire et manger, marcher, visiter une exposition, se rasseoir pour regarder un film.
Imaginez aussi les danseurs présents et regardez-les continuer leur chemin, au-delà de cette œuvre, dansant leurs propres pièces, solos, duos, trios.

anne abeille et catherine legrand, programme du théâtre d’angoulême, 26 février 1999

Dans sa démarche, dans ses relations, rien de fixe, rien d’établi pour toujours. Son regard sur le monde et donc sur la danse était en perpétuel devenir, sans cesse projeté en avant. Nous, danseurs (plutôt hommes et femmes qui dansent comme il se plaisait à le dire), tentions de le suivre dans les méandres de sa création. Nous le faisions dans le désir d’être au plus près de sa vision, dans la confiance et le respect qu’il nous accordait, dans l’exigence et la non complaisance qu’il nous demandait, dans la tendresse qu’il nous offrait. Dominique donnait beaucoup, sans compter. Ceux qui l’ont côtoyé ou seulement croisé le savent.
Il était fragile, mais doté aussi d’une force vitale incroyable. Il se savait influençable mais sa force de conviction était puissante.
Dominique était insaisissable. Son œuvre en témoigne.
Son existence nous a traversés, sa danse nous habite pour toujours, nous qui aujourd’hui sommes les traces vivantes de son passage.

(Extrait du texte pour la pose de la première pierre des Ursulines, Montpellier, 6 juillet 1993.)

bernard glandier, programme de imaginons, février 1999