Déserts d'amour
Maguy Marin, Dominique Bagouet et Jean-Claude Gallotta ont été au nombre des premiers chorégraphes de la « jeune danse française », phénomène qui outrepasse largement l’appellation commode permettant de regrouper une génération. Cette danse a été en fait la synergie entre un foisonnement de créativité, l’émergence d’un nouveau et large public (Maurice Béjart avait été dans les années 1960, le déclencheur de cette déferlante), et le soutien apporté par les tutelles, chacun de ces éléments ayant été activé par des personnalités novatrices, clairvoyantes.
A ce titre toute la profession est redevable à Igor Eissner, récemment disparu, de la création de structures et de subventions qui ont permis l’épanouissement de la jeune danse française, en particulier la mise en place de centres chorégraphiques nationaux (parmi les premiers bénéficiaires : Bagouet, Gallotta, Marin). Parallèlement s’opéra le décloisonnement des lieux d’accueil : le festival d’Avignon avait montré l’exemple, nombre de théâtres voués à l’art dramatique ouvrirent leurs scènes à la danse, Lyon se dota d’une Maison de la Danse.
Au plan de l’esthétique et du style, la jeune danse française n’a pas été, à proprement parler, une école dans laquelle se seraient reconnus chorégraphes et compagnies – les personnalités étaient trop diversifiées. Mais quelques lignes de force permettent cependant l’identification :
influence majeure de la modern dance américaine se traduisant par l’apparition de danseurs formés directement à la technique « contemporaine » (nombre de bourses d’étude aux Etats-Unis furent alors accordées) sans être passés par la technique classique, ou l’ayant d’emblée détournée ;
assimilation de l’héritage expressionniste allemand (dont Pina Bausch peut être considérée comme une héritière en ligne directe).
On vit alors se former des petits groupes ignorant le schéma traditionnel de la compagnie hiérarchisée en solistes et corps de ballet, des groupes pratiquant par ailleurs largement l’approche théâtrale (présente précédemment mais dans un langage académique). On vit ainsi apparaître une forme spécifique d’abstraction : la conjugaison antagoniste d’une présence accrue de la théâtralité et de l’évacuation du narratif.
Quelque quinze ans plus tard, Maguy Marin, Dominique Bagouet et Jean-Claude Gallotta peuvent être considérés comme les « classiques » d’une certaine « modernité ». Ils se retrouvent, étonnamment pour la première fois, inscrits au même programme d’une compagnie qui a toujours accordé une égale importance à la création et à sa diffusion – gage de pérennité -, dans le but affiché de constituer un répertoire contemporain. Une préoccupation que l’on voit apparaître avec récurrence ces derniers temps…
Yorgos Loukos, programme de Lyon Opéra Ballet, 7 janvier 1995
Générique
jean-pierre alvarez et dominique noel
21 juin 1996
montpellier, théâtre de grammont
dance theatre of ireland
claire chancé, catherine legrand, michèle rust
divertimenti pour cordes KV 136, 137, 138 (adagio et fugue) de w.a.mozart (1772) et « instantanées » de tristan murail, regroupant: « éthers », « treize couleurs du soleil couchant », « dans un jardin secret »
mozart : orchestre philharmonique de montpellier languedoc roussillon dirigé par cyril diederich; murail : groupe itinéraire dirigé par jacques mercier
christine le moigne
maritza gligo
nuala farrell, synan o'mahony
jacques chatelet
dans le cadre du 16e festival international montpellier danse et du festival l'imaginaire irlandais. Les extraits avaient été créés le 21 mars 1995 à dublin, tivoli theatre
muirne bloomer, robert connor, justine doswell, sean dwyer, karim karim, jane price, liz roche, darryl sheppard, loretta yurick
frédéric céllé, jesse formento, jenny roach (1996)
70'